A Monsieur le …………………
Moulay chérif est le prénom de notre enfant, né un jeudi 1er aout 1996 à Béchar .La couleur bleuâtre de son épiderme ne tarda pas à susciter un vif intérêt chez le personnel médical et les éventuels visiteurs venus réconforter la maman. Les uns pensant que cette couleur anormale allait disparaitre après un passage sous la couveuse avec une bonne dose d’oxygène, d’autres ne savaient quoi répondre .Peine perdue puisque son état n’allait pas changer.
Le samedi 3 aout, il, se retrouve sur la table du cardiologue afin d’examiner ce cas intriguant .Malheureusement, les sondes dont disposait ce médecin ne convenaient, ne s’apprêtaient nullement à émettre un diagnostic précis puisque celles-ci (les sondes) étaient destinées à des adultes .Son cas sévère, une cardiopathie congénitale qui se révéler plus tard un lourd handicap .
Nous prenons notre mal en patience et décidons de l’emmener vers un spécialiste d’Oran en l’occurrence le docteur Kara ,un cardio –pédiatre qui ,après avoir ausculté le malade ,nous demande d’abord si nous avions des enfants .A cette étrange question nous répondions ,ma femme et moi ,que si, et qu’on ne voyait pas le rapport avec cet examen .Et là , stupéfaction , le cardiologue rétorque que ce malade ne devait pas naitre et que ses chances de survie étaient moindres et qu’il n’allait pas dépasser le cap d’une année oubliant pour un instant que le bon Dieu l’a créé et que c’était à lui de décider de son sort .J’allais perdre mon sang froid puis me ravisais en lui signifiant que ses principes allaient à l’inverse de mes convictions religieuses .
Puis ,nous prenons congé de ce personnage abject ,ignominieux ,infâme ,putride qui avait annihilé tout espoir de survie .Aujourd’hui ,grâce à Dieu , notre fils est âgé de 18 ans et vient d’obtenir son bac (séries sciences ).L’année dernière ( en avril 2014 ) il a failli tout rater puisque son handicap sévère (le cœur ) l’a empêché de terminer sa scolarité .Heureusement ,ses notes des premier et second trimestres (plus de 16/20 ) lui ont permis d’être admis en classe supérieure (terminales ).
Puis la maladie le rattrape de nouveau au début de l’année, en octobre 2014, et ses cours prirent un sérieux coup .Il ne parvenait plus à écrire en classe ;la fatigue ,la faiblesse prenaient le dessus . Les cours, soit, on les recopiait, soit on en faisait des photocopies .Il ne reprit son rythme de croisière qu’à partir du mois de mai, vers la deuxième quinzaine afin de préparer son examen de fin d’année.
Du côté de la grande poste d’Oran ,mon chemin croisa celui d’un ami ,Gasmi Rachid qui me remonta le moral en m’apprenant l’existence d’un cardio –pédiatre, originaire d’Adrar, au niveau de l’hôpital ,Ain Naja .
De retour en Adrar ,la chance nous sourit et le spécialiste en question se trouvait là .Nous prenons rendez-vous avec lui et dans le courant de l’après-midi ,il examine notre enfant chez nous .Une consultation pleine de délicatesse, de bon sens à l’encontre du médecin oranais .
Moulay chérif se retrouve à l’hôpital Ain-Naaja pour des examens cliniques approfondis. Il dut subir un cathétérisme à l’hôpital Bousmail , intervention effectuée par le professeur Amalou que nous remercions au passage .Le diagnostic :Une atrésie tricuspide et pulmonaire .Au moindre effort ,ses lèvres, ses doigts devenaient bleuâtres ;on les appelle dans le jargon médical ,des enfants cyanogènes .
Une fois de retour au bled ,nous essayons de prendre contact pour un rendez-vous ,avec la direction de l’hôpital de Bousmail. Peine perdue ,puisque toutes nos démarches sont restées vaines .Nous avons opté de nous adresser directement au président de la république ,en l’occurrence , Mr Abdelaziz Bouteflika ,qui nous permis l’accès à cet hôpital. Nous fumes reçus en grande pompe par le directeur en personne qui nous orienta vers le professeur Touati qui allait nous faire boire le calice jusqu’à la lie .Nous étions résignés à notre sort et notre calvaire allait perdurer pendant plusieurs années .Il fallait s’y rendre deux fois par an ,en hiver et en été pour un examen expéditif de quelques minutes et un traitement de fortune (Avlocardyl, fumafer et aspégic) .Je vous fais fi des aléas ,des achoppements ,du transport et des retards des vols qui nous ont occasionné bien des déboires sachant pertinemment que mon fils supporte très mal le froid .
Puis ,un jour , ce professeur Touati dans un langage glischroïde agrémenté de paroles insipides ,insidieuses ,nous fit savoir que pour une consultation plus poussée ,il fallait se rendre dans une clinique privée à Annaba car le bloc de Bousmail ,était infecté et qu’il ne fallait pas prendre de risques inutiles .Ce professeur se chargerait de toute la paperasse .
Au cours d’une consultation, le professeur Touati étant absent, je me rabats sur d’autres cardiologues qui m’apprennent que le bloc n’a jamais été infecté et que je me trouvais sous l’effet d’une machination méphistophélique, chthonienne inventée de toutes pièces par ce professeur dans un but purement lucratif.
Aujourd’ hui, après un combat qui dure depuis plus de 18 ans, nous retrouvons à la case départ .
Nous avons saisi toutes les instances étatiques, du ministre de la santé, à celui de la solidarité ;
malheureusement sans suite .En attendant notre fils souffre en silence, il en pâtit sérieusement et on craint pour ses études supérieures que ses forces, sa volonté ne l’abandonnent.
En juillet 2014 , saignant le budget familial , nous décidons de l’emmener en France pour un avis médical .A l’hôpital Henri Mondor où il fut admis et après avoir été examiné ,on nous orienta vers l’hôpital Georges Pompidou (Paris 12 ème ). Le professeur Christian Latremouille qui prit le soin de bien l’examiner nous fit savoir qu’il fallait débourser la coquette somme de 50.000 euros pour une opération de ce genre .La prise en charge émanant de la CASORAN ou CASORAL ne nous serait d’aucun secours ni d’aucun intérêt puisque celles-ci ne se sont jamais acquittées de
leurs créances .L’hôpital Georges Pompidou voudrait du cash.
Nous ne savons pas quoi répondre aux questions débordantes, fluctuantes, blâme, de Moulay Chérif qui nous fustige à chaque fois,’qu’avez-vous fait pour moi ?’
Voilà toute notre histoire avec ses péripéties, ses vicissitudes, ses accrocs, mais nous gardons tout de même l’espoir de voir un jour, notre fils retrouver sa santé car l’espoir est une belle chose et les belles choses sont éternelles.
Mohamed El- Hachimi SAFI .
Je n'ai pas trouvé les mots qui pourraient soulager votre peine.Seule la foi qui vous submerge vous fera tenir debout avec le sourire même et vous évitera surtout de craquer devant le petit , bien que difficile de gérer les émotions ...قال عليه الصلاة والسلام : " إن العبد إذا سبقت له من الله منـزلة لم يبلغها بعمله ، ابتلاه الله في جسده أو في ماله أو في ولده ، ثم صبّره على ذلك ، حتى يبلغه المنـزلة التي سبقت له من الله تعالى
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