Dénicher et trouver la demeure de la défunte Hadja Messaouda Dahou n était pas fastidieux et difficile .Il suffit juste de prononcer ce nom magique pour avoir réponse à votre question .On m’avait dit auparavant qu’elle avait habité en plein centre –ville tout près de l’avenue ‘bouda’, connue surtout pour son marché quotidien et ses magasins achalandés.
Le quartier bruyant grouille de monde à cause des bus qui s’y trouvent ;un quartier populeux qui vit de jour comme de nuit .Finalement je tombe sur un jeune adolescent qui m accompagne ,s’ arrête pour héler un copain .Omar ,crie t-il ,vient vite ,le monsieur cherche la maison de tes parents .Là ,je tombe sur son neveu ,un quinquagénaire ,la tète dissimulé d’un chèche ,m invite à pénétrer chez lui.
Une fois admis à l’intérieur ,je vais droit au but :qui est Hadja Messaouda Dahou ?
Sa vie et ses origines .
Hadja Messaouda bent taleb de son vrai nom MEZOUAR, d’origine de Ouargla, est née en 1911 à OUINA ,petit ksar situé à 8 kms d’Adrar .Inscrite dans les registres de l’état civil en 1926 ; sa vraie date de naissance demeure celle que nous avons indiquée en premier.
Hadja Messaouda grandit sans encombres dans une famille pieuse tournée entièrement vers la religion ,la soumission divine ,la piété et la modestie .Elle étudia le coran sous l’œil intrépide de son père qui exerçait comme ‘Taleb’ à l’école coranique du ksar de Ouina .Elle fréquenta aussi l’école des analphabètes ou elle se montrait très studieuse ,ésotérique ,éclectique ,comme si elle voulait avoir sa revanche sur le temps ,un temps qui allait lui permettre de gamberger ,de cogiter sans picosser sur les choses de la vie.
Hadja Messaouda quitte Adrar pour Béchar.
Hadja grandit, se marie et fonde un foyer. Elle s’installe à Béchar et travaille à la base militaire .Son mariage est un échec, ce qui ne la décourage nullement, et décide de rester dans cette ville qui l’a apprivoisée .Elle vaque à ses occupations quotidiennes, animée par une foi inébranlable. Elle commence, dès le début de la révolution armée, à s’intéresser à cette cause nationale et jure de damer le pion à l’occupant.
Elle agissait et opérait avec une autre ‘moujahida’ Mme Khoumani Messaouda, dans l’axe Adrar, Tindouf, Béchar.
Retour au bercail.
En 1970 ; son frère Tahar, resté en Adrar, décède, laissant derrière lui des enfants en bas âge, sans ressources, dont le sort risquerait de valdinguer .Hadja , sans attendre décide de rentrer en Adrar avec une seule idée en tète, s’occuper de ces orphelins. A cette époque , j’avais 10 ans m’explique Miloud, son neveu, sans elle, je ne serais jamais devenu ce que je suis : Miloud ,ancien fonctionnaire de l’éducation ,est aujourd’hui en retraite ,une retraite qu’il savoure amplement avec ses enfants.
Hadja Messaouda est recrutée comme femme de ménage à la daïra et travaille d’arrache-pied pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille qui allait beaucoup compter pour elle.
Parcours exemplaire.
Dès son jeune âge ,Hadja a milité au sein du F.L.N. et a fondé la première association féminine de l’UNFA .Elle a également participé à de nombreux séminaires en France et à travers le territoire national comme le prouvent les macarons méticuleusement par son neveu Miloud.
Connue pour ses talents de musicienne elle a crée une troupe destiné a sauvegarder les patrimoines culturel, traditionnel et artistique de la région du Touat, Gourara et Tidikelt.
Sa voix rauque et glischroïde met en valeur ses atouts pour le chant de ‘kassidate’ de l’illustre poète populaire Echellali.
De ses doigts agiles et experts, elle savait fignoler, avec appétence, des photos de martyrs, tissés grâce à une broderie fine .Ses œuvres sont exposés au musée des moudjahidine en Adrar.
A titre d’anecdote, on raconte que de sa première campagne, Mr Bouteflika se trouvait en Adrar .Hadja se trouvait aux premières loges , elle l’interpelle : Si ABDELKADER EL-MALI, bonjour et bienvenue. Les gens, étonnés se retournent vers cette femme qui a osé élever la voix .Bouteflika la fixe du regard, la reconnait l’applaudit et décide de descendre de la tribune pour la saluer .Elle monte à son tour et l accolade est fraternelle, sincère.
Hadja Messaouda ; malade.
Cinq avant qu’elle ne quitte ce monde, Hadja, dont la vue baissait progressivement, décide de se faire opérer .Son opération est un échec et les conséquences sont désastreuses et catastrophiques, résultat elle perd la vue.
Puis sa santé dépérit elle se plaint régulièrement de maux d’estomac et ses jambes la font terriblement souffrir.
Un an avant son décès ,Hadja Messaouda ne bouge et ne parvient plus à se mouvoir .Elle , femme active, aujourd’hui réduite à devenir infirme : dur à avaler .Elle possédait un lopin de terre et arborait fièrement son dynamisme et son énergie pour cultiver quelques légumes En somme, une
Occupation saine qui égayait ses journées.
Hadja n’a jamais eu d’enfants, ce sont ceux de son frère qui l’ont rendue heureuse, épanouie.
Hadja Messaouda DAHOU meurt le 21 janvier 2014 à l’âge de 103 ans : qu’elle repose en paix.
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