lundi 22 juin 2015

Adrar : rites et coutumes du Ramadhan

Oser s’aventurer, ou s’exposer durant la journée dans la région d’Adrar, cette partie de l’Algérie profonde où l’on recense les plus fortes températures (entre 46 et 48 degrés) durant la saison estivale, relève de l’exploit, de la vaillance et du défi. On a l’impression que le soleil qui tape fort est juste au-dessus de nos têtes. Se protéger de ses rayons qui vous transpercent, vous lézardent ne sert à rien, puisque la chaleur torride, lourde, écrasante, mordante, vous serre la gorge, dessèche votre bouche, et mortifie les crânes aussi.
Ceci n’empêche nullement les habitants d’Adrar de jeûner comme tout le monde dans ces conditions difficiles et insupportables et de vaquer à leurs occupations quotidienes. Les traditions ancestrales, ataviques; se perpétuant, ainsi pour l’adolescent, jeûner pour la première fois, fait l’objet d’un rite particulier. Une véritable cérémonie, est organisée. La veille du carême, notre jeune est conduit sur une terrasse, muni d’une glace afin d’observer le croissant. Sitôt ce geste accompli, ses proches se hâtent de lui faire porter des habits neufs .Ce soin est généralement laissé à la grand-mère .
Une gandoura et un «cheche» (turban) d’un blanc immaculé sont choisis pour la circonstance. Puis, autour d’une table garnie de viande grillée et de fruits, l’adolescent se remplit la panse jusqu’à se gaver, en prévision d’une longue et rude journée où il faudrait tenir et résister.
A la rupture du jeûne, il est félicité par sa famille, ses amis l’honorent de quelques billets bien mérités.Du lait, des dattes et une délicieuse soupe connue sous le nom de «lahssa» font partie du menu.Les mains du jeune sont enduites de henné et ses yeux passés au «khol». On lui enfile aussi un anneau en argent .
Et voilà notre jeune homme devenu adulte
Le rituel du thé est incontournable, un thé aux trois lettres «J». La première lettre «J» (jmer ou braises), la seconde «J»(pour la jmaâ ou le groupe )et enfin la troisième «J» (pour le jarr ou le chant). Aux environs de 22 heures, direction la mosquée pour les prières surérogatoires (tarawih) qui durent environ une heure.Retour à la maison pour faire ripaille et sortir soit afin de rejoindre le centre-ville pour les grandes cités soit s’affaler sur le sable doux et fin des dunes dans les ksour.
Là, on parle, de tout et de rien, les téléphones s’invitent majestueusement à la soirée. L’un des présents s’éclipse discrètement pour aller chercher ce thé, breuvage qui vous assure énergie et force. Les femmes, une fois les tâches domestiques accomplies, se retrouvent entre elles, évoquant, les recettes du jour, les dernières séquences du feuilleton que personne ne rate.
L’heure du «shor» est aux alentours de trois heures trente, voire un peu plus .Si certains continuent à se gaver littéralement de couscous arrosé de soupe ou de lait caillé, d’autres par contre se contentent de quelques poignées de «sfouf», dattes concassées et gardées dans une «tadara», ustensile en osier, et de gorgées d’eau ou de lait.
Un verre de thé pour clôturer le tout et le tour est joué, le ventre bien rempli afin d’entamer la journée. Et on croise surtout les doigts pour qu’il n’y ait pas de coupures d’électricité : pas d’électricité, pas de fraîcheur, pas d’eau, pas de feuilleton. La vie tourne au ralenti ! Dur, dur est le Ramadhan à Adrar.Mais selon la direction de la Sonelgaz, cette année, toutes les dispositions ont été prises, changements de postes transformateurs, de supports vétustes et surtout de bouclage de lignes au niveau des points noirs recensés l’année dernière afin de mettre fin aux perturbations et les Adraris sont sûrs de passer un bon Ramadhan .

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