vendredi 10 juillet 2015

Le festival du dromadaire

Bordj-Badji-Mokhtar ou BBM comme on préfère la surnommer est une daïra située à 800 km d’Adrar. Elle englobe aussi la commune de Timiaouine qui se trouve à 150 km plus loin à 950 km du chef-lieu. Pour rejoindre BBM, il faut traverser le redoutable désert du Tanezrouft, qui impressionne par son immense étendue désertique et son vide absolu.
Point d’arbre, point de rocher, seul un sable fin à perte de vue. Heureusement pour les habitués du trajet Adrar-BBM, la piste est balisée, une balise tous les 1 ou 1,5 km. Mais quand le vent de sable se lève, la visibilité devient médiocre et il est préférable de ne pas rouler, car tout écart pourrait avoir des conséquences dramatiques. Bon nombre d’automobilistes qui voulaient se montrer plus téméraires ont payé cette audace de leur vie. Une fois à BBM et afin de mieux faire connaître la région aux profanes, les autorités organisent un festival, appelé festival du chameau, car cette partie de l’Algérie profonde composée en grande partie de Touareg attache une importance capitale à l’élevage de ce quadrupède dont l’endurance n’est plus à démontrer. Le festival en lui-même permet aux visiteurs de se faire une idée précise sur cet animal. D’ailleurs, des conférences retracent et consacrent beaucoup de temps pour éclairer la lanterne des gens. Cet animal venant d’Asie aurait débarqué en Arabie Saoudite il y a seulement 2000 ans avant J-Christ. Là, il est domestiqué. Puis il arrive au Sahara où une longue collaboration avec les nomades va commencer. Le dromadaire mesure de 1,80 à 2 m de hauteur et pèse entre 300 et 600 kg. Les mâles sont 10% plus lourds que les femelles. Il est de couleur beige, gris ou caramel. C’est un animal adapté par excellence à la vie désertique. La plante de ses pieds, large est munie de coussinets élastiques qui servent de protection contre la brûlure de sable ; ils servent également (les coussinets) à amortir les chocs. C’est un ambleur, il mange de tout entre 4 et 5 kg par jour. Seul le laurier rose pourrait représenter un danger pour lui. Les Touareg font brûler cette plante et la font inhaler au dromadaire qui, ainsi éduqué, ne s’approcherait plus du laurier. Sa durée de vie varie de 40 à 50 ans. Il supporte des chaleurs de plus de 50 degrés et peut rester plusieurs jours sans boire. Mais lorsque l’occasion se présente, il peut avaler en l’espace de 10 mn plus d’une centaine de litres. Il est surnommé vaisseau du désert. Sa bosse entre 9 et 14 kg pleine de graisse est un véritable sac à provisions et son estomac un vrai réservoir. Ainsi, il puise toute sa force et son énergie de sa bosse qui nécessite plusieurs mois pour se reconstituer. Il se reproduit tous les deux ans et la gestation dure 440 jours. Le lait de la chamelle est très nourrissant et on raconte à Timiaouine que les femmes qui connaissent des difficultés de procréation le consomment et il paraît que les résultats obtenus sont très flatteurs. Le chamelon, petit du chameau, est allaité pendant 1 an. Le dromadaire, animal domestique, s’adapte parfaitement aux rudes conditions climatiques de cette région désertique, aux conditions difficiles qui se caractérisent par la rareté de l’eau et du pâturage. Conçu pour porter de lourdes charges, jusqu’à 200 kg, les Touareg l’utilisent pour leurs déménagement, le troc. Il leur rend d’énormes services et il est exploité pour son cuir, sa viande et son lait. Une bonne chamelle peut donner entre 12 et 18 litres de lait par jour. Lorsque le dromadaire pousse un cri, ont dit qu’il blatère. Quand le vent de sable se lève et souffle fort, il ferme et bloque ses marines empêchant ainsi toute éventuelle infiltration de sable. Ses yeux comportent de longs cils qu’il abaisse et le protègent. C’est le symbole de la culture nomade, il facilite leurs déplacements et demeure par excellence le pourvoyeur de la plupart des produits nécessaires à la vie du désert. En Algérie, le nombre de dromadaires est réduit et se chiffre à quelques milliers de têtes. C’est en Somalie, au Soudan et en Ethiopie que se trouve la plus grosse concentration des camelidés. Chez nous, il est recensé à Adrar, Béchar, Tindouf, Ghardaïa, El-Bayadh et Tamanrasset. Dans toutes ces régions, sa viande dont le prix demeure abordable, est très prisée et certains médecins conseillent sa consommation. La mise à mort dans les abattoirs diffère des autres animaux. A l’aide d’une tige pointue et bien aiguisée, la veine jugulaire qui se trouve sur la partie distale du cou est percée. Puis on termine le travail. Pour mieux situer le lecteur, nous reviendrons à cette manifestation. Dans la région de BBM et de Timiaouine, des courses de dromadaires sont organisées, un spectacle grandiose qui met aux prises les meilleurs représentants de chaque tribu : c’est la course du «mehri» où le but est de prouver son talent. 400 éleveurs y participent. Ce festival du dromadaire permet de se rendre compte des vastes projets entrepris pour valoriser cette région. Ainsi, une centrale électrique verra bientôt le jour à Timiaouine et la piste qui la relie à BBM ne sera plus qu’un vieux souvenir. L’enrobé est là pour la détrôner. A cette cérémonie assistent tous les habitants de cette vaste contrée qui se regroupent et vivent intensément ce grand rassemblement où le dromadaire est bien entendu l’attraction principale. Un riche programme culturel et sportif est tracé. Dans le même contexte, des groupes folkloriques ont animé les journées. On entendait au loin le karkabou et le tbel. Parallèlement, une exposition des arts traditionnels sur la culture targuie a reçu beaucoup de visiteurs très intéressés par les explications fournies sur les différents modes de vie, de mœurs des habitants de ces localités reculées. Il faut rappeler que Timiaouine se trouve à la limite de la frontière algéromalienne. Cette fête du jmel est placée sous le slogan «Djemel, culture des ancêtres et l’économie des générations futures». La poésie était aussi à l’honneur. 


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